Mariana Serban, Artiste Peintre, 48 ans

« L'Europe est une très belle idée en soi.

Economiquement parlant, je sens dans notre relation quotidienne que nous souffrons beaucoup malheureusement. Culturellement, on ressent quelques manques en ce qui concerne le support accordé à la culture, mais il a été prouvé depuis longtemps, que les artistes Roumains sont aussi talentueux que les autres collègues artistes des autres pays Européens.

J'ai vu de belles choses partout en Europe et pas seulement où j'ai voyagé j'ai noté que les Européens ont un certain respect accordé à l'art et à l'artiste, même s'ils n'adhèrent pas à ses créations.

Socialement, je suis vraiment fâchée et je me sens loin de la réalité sociale. De partout ou je suis allée, socialement les gens sont situés sur un piédestal qu'ils méritent.

Je doute un peu que nous soyons prêts à intégrer l'Union Européenne, à cause des éléments abordés précédemment, mais d'un autre point de vue, je considère que nous sommes prêts à nous rallier aux Européens si nous sommes aidés, je ne veux pas dire spécialement financièrement, mais plus au niveau de l'accompagnement et du conseil, dont on a beaucoup besoin et que l'on se doit de respecter.

Nous devons nous joindre au bon sens des choses et si nous y arrivons, peut-être un peu forcés par cette intégration, nous serons capables d'éviter cette léthargie, travailler plus efficacement et par cela changer nos attitudes. »

 


 

Jeflea Dorel Ovidiu, Avocat specialisé en droit pénal, 34 ans

« En tant qu'avocat, l'Europe représente pour moi une porte ouverte vers le monde Occidental, vers un espace où la justice peut être appliquée de manière équitable.

La mentalité des Roumains n'a pas vraiment changé depuis l'époque communiste quand on préférait ne pas travailler ou avoir plusieurs petits boulots. Au sein de l'Union Européenne, cela ne fonctionnera plus. Nous devons être conscients qu'il faut que nous travaillions pour nous-mêmes et d'en finir de rester en retrait sans prendre ses responsabilités. Aujourd'hui, même si nous travaillons 8 heures par jour, nous sommes en réalité efficaces pour seulement 3 heures.

Si on regarde l'Europe d'un point de vue législatif, c'est une chose extraordinaire ! Cela représente un bouquet immense composé d'un grand nombre de lois. Pour la Roumanie, ces lois devraient être une source d'inspiration dont chaque citoyen pourrait bénéficier.

Je dois mettre l'accent sur le fait que l'Union Européenne peut gagner aussi beaucoup d'argent grâce à l'adhésion de la Roumanie, parce que les ressources de travail en Roumanie ne coûtent pas chères. l'Union Européenne en a besoin et elle devrait réaliser que, malgré la longue période que nous avons traversée pendant le communisme où nous avons été enfermés dans une certaine idéologie, nous sommes des gens capables, intelligents et si nous n'avons pas encore un sens élevé des affaires, cela ne signifie pas que nous sommes idiots.

Je souhaite que tout ce que le mot “justice” porte tout son sens pour qu'il soit utilisé pour l'intérêt direct du citoyen et non pas pour son aspect politique. »


Lazar Istvan, Membre de la communauté Gitane et Crieur du Village de Ganesti, 60 ans

« Nous sommes déjà et nous souhaitons être de plus en plus proches des Européens actuels, mais nous avons encore des problèmes que nous devons résoudre. Tout le monde sait que nous avons stagné pendant les années communistes de Ceausescu, mais nous avons la volonté d'y arriver et je crois que nous serons mieux dans les prochaines années.

L'adhésion peut être une bonne chance pour la communauté Gitane. On sait très bien que les Gitans sont un peuple nomade. Nous n'avons pas de stabilité, car c'est actuellement très difficile de trouver un travail. Donc, nous devons aller à l'étranger pour trouver une meilleure vie et gagner de l'argent. Je pense que cela sera plus simple si on nous laissait passer les douanes, sans nous arrêter comme actuellement, pour avoir la chance de travailler à l'étranger. Ceux qui sont attrapés en faisant des choses illégales, doivent être renvoyés dans leur pays en les
interdisant de quitter la Roumanie ensuite !

Je connais un jeune homme qui travaille dans une entreprise de fleurs comme technicien chauffagiste afin d'assurer la chaleur dans les serres. Il doit rentrer après un mois ou trois mois comme le veut la loi, ensuite rester chez lui pour quelques autres mois en Roumanie sans travail. Il dépense tout l'argent gagné à l'étranger pour vivre ici, puis il doit à nouveau payer pour son retour à l'étranger et ca coûte très cher. Il recommence tout à zéro à chaque fois. Parfois, il doit même emprunter de l'argent pour pouvoir payer son retour à l'étranger. C'est un cercle vicieux, il ne gagne jamais assez pour faire vivre sa famille. »


Kolozsvari Tibor, PDG de l'entreprise informatique « PC-House », 40 ans

« Autrefois, rejoindre l'Europe était comme un rêve, tout était mieux et plus beau qu'ici. Maintenant on voit que les pays de l'Union Européenne ont presque les mêmes problèmes que nous. Peut-être pas de la même ampleur comme par exemple ici, la corruption qui est plus forte, mais l'Europe n'est pas non plus complètement lavée de ce problème.

L'ouverture vers l'Europe ne représente pas un marché supplémentaire pour mon entreprise. Par contre, la Roumanie en adhérant ouvre aux entreprises Européennes de nouveaux marchés. En s'installant ici, les entreprises étrangères tueront l'économie locale dans certains secteurs, des sociétés locales ne survivront pas. Il faudra faire face à cela et je pense que 50% des commerces de proximité fermeront suite à l'installation de ce type de commerce de masse et les autres 50% devront travailler dur pour survivre à la compétition.

Personnellement, si je vais skier par exemple en Hongrie ou l'été en vacances en Grèce, je vois déjà beaucoup de Roumains. Donc je pense que l'adhésion à l'Union Européenne ne changera pas beaucoup de choses sur ce plan là, car les gens voyagent déjà beaucoup librement. Peut-être l'intégration permettra-t'elle à la Roumanie d'avoir de meilleures routes ou de meilleurs aéroports, qui amèneront plus de touristes !

Il faudra, bien sûr, quelques années pour que l'on fasse réellement partie de la famille Européenne, mais c'est pour moi le plus important, car actuellement, on regarde un peu cela de l'extérieur à travers la fenêtre et on observe à la télévision comment les gens vivent et comment nous vivons et je pense que la plupart des personnes veulent faire partie de cette grande famille. »


Czirmai Eniko, étudiante en géographie environnementale, 21 ans

« Du point de vue culturel et social, à mon avis, chaque pays a son identité. Economiquement, la Roumanie est au début assez loin située par rapport aux autres pays de l'Union Européenne, mais je pense que progressivement nous allons les rattraper si nous adhérons à la Communauté Européenne.

Il y a des domaines où la Roumanie est tout à fait prête à s'intégrer, mais par exemple sur le sujet de l'environnement, ce que j'étudie actuellement, on a encore beaucoup de choses à améliorer. Les autres secteurs, que j'ai pu apercevoir au journal, ont progressé et répondent apparemment aux exigences nécessaires à l'adhésion, mais après il y a encore besoin, néanmoins, de petites retouches.

Du point de vue économique, au début, cela sera vraiment difficile de tenir le rythme en compétition avec les autres pays, les prix augmenteront certainement… Je ne sais pas quelle sera la différence concernant les salaires, mais je pense que tout ca va se lisser dans le temps.

Je pense que si nous ne nous intégrons pas à l'Union Européenne, cela sera encore plus difficile. Avec l'adhésion, la situation de la Roumanie ne changera pas pendant les cinq premières années, mais après dix, quinze peut-être vingt ans, nous aurons une vie meilleure, j'en suis sûre.

J'espère qu'il sera plus facile de trouver un travail, les échanges universitaires seront aussi plus accessibles, car les douanes seront ouvertes pour les Roumains aussi. »


Alina Sandor, Juriste, 33 ans

« La Roumanie est un pays Européen même si, à une certaine époque, le contexte historique faisait que l'Europe était divisée en deux parties : l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est. Les cultures de l'Europe de l'Est et de l'Ouest sont importantes et se sont maintenant mélangées.

Je crois que la Roumanie est prête à s'intégrer et nous avons fait de grands pas pendant les dernières années du point de vue économique, social et juridique.

Je pense que l'adhésion apportera à mon pays une vie économique plus prospère, car la pression financière est très forte actuellement. Si on compare les prix en Roumanie avec les prix des pays de l'Union Européenne, ils sont presque les mêmes maintenant, mais les salaires sont radicalement plus bas. J'espère une amélioration notoire des conditions sociales et économiques dans les prochaines années. »


Imre Emoke Katalin, Lycéenne, 15 ans

« L'Europe est un continent et parmi ces pays se trouve la Roumanie où je vis. La Roumanie fait donc logiquement partie géographiquement de l'Europe.

Il y a des domaines où les autres pays de l'Union Européenne sont plus avancés et d'autres moins bien avancés. Par exemple, les autres pays ont des situations financières plus confortables que la Roumanie. J'aimerais voyager, je me sentirais un peu étrangère, mais ça serait bien.

Je ne pense pas que la Roumanie soit prête à s'intégrer à l'Europe, mais progressivement la situation va s'améliorer je pense.

Je crois que l'adhésion peut aider la Roumanie à devenir plus riche économiquement afin de rattraper les autres pays, mais en même temps, cela pourrait aussi être pire. Notre vie peut s'améliorer ou empirer, je ne sais pas, mais il arrivera un moment où nous serons considérés au même niveau que les autres citoyens des pays de l'Union Européenne. »


Vegh Jozsef, Maire de la commune de Ganesti, 56 ans

« Moi comme toute la Roumanie, nous nous sentons Européens. Nous sommes présents sur la carte de l'Europe et j'espère que, dès le 1er Janvier 2007, nous serons totalement intégrés à l'Europe.

Les paysans sont déjà venus et ont déclaré la quantité de lait qu'ils peuvent produire, notre commune connaît donc déjà le quota de production de lait que l'on peut communiquer à l'Union Européenne. On a rédigé 240 contrats entre les paysans, incluant les petites fermes et les institutions Européennes pour vendre notre lait. C'est une preuve que les citoyens de notre commune sont vraiment intéressés à s'intégrer.A l'occasion de la fête annuelle de la commune, nous avons mis en place une conférence concernant l'intégration à la communauté Européenne.

Comme beaucoup de politiciens, je crois que la corruption est encore un problème, car les lois peuvent ici être promulguées pour ensuite être très rapidement annulées. J'espère qu'avec l'adhésion, la législation sera plus claire et correctement appliquée.

Il y a, aujourd'hui, quelques investisseurs Allemands en contact avec notre ville et j'espère que d'autres pays seront aussi intéressés.

J'appréhende la rigidité des quotas qui ne nous permettront pas forcément de vendre nos produits comme nous le souhaitons. Les gens craignent que les prix des produits alimentaires augmentent.

A part cela, nous sommes très optimistes et nous souhaitons vraiment cette intégration à l'Union Européenne »


Dr Maria Pongracz, Médecin Generaliste, 55 ans

« L'Europe comme territoire culturel et économique est un endroit où j'aime vivre, où je me sens à l'aise. C'est pour moi un mélange coloré qui m'offre un monde excitant. Comme “Union” c'est par contre un peu plus confus, j'ai un peu peur et quelques doutes à savoir si nous en faisons réellement partie.

Concernant le milieu médical, j'ai eu la chance de passer plusieurs fois de longues périodes dans les pays de l'Union Européenne et j'ai pu observer que les populations de l'Europe de l'Est sont bien préparées professionnellement, bien formées, mais qu'elles n'ont, au niveau technologique pas assez d'expérience. Cependant, il est parfois aussi efficace d'utiliser un stéthoscope, un cerveau et des connaissances que d'utiliser des technologies de pointes très en vogue dans les pays de l'Union actuellement. Les technologies développées sont une bonne base pour aller au fond des problématiques que l'on peut rencontrer dans le domaine de la santé, mais ne sont pas suffisantes, les compétences d'un bon médecin sont essentielles.

Socialement, c'est une question plus difficile, je pense que nous sommes à un niveau très bas et très loin des
autres pays de l'Union Européenne. Je pense que le système social Roumain devrait être réorganisé à la base. La protection sociale n'existe quasiment pas.

Je ne pense sincèrement pas que la Roumanie soit prête à intégrer l'Union Européenne, mais si l'on reste en dehors de l'Europe, ils ne voudront plus ensuite de nous. Et Je suis sûre que les Roumains auront la fierté de passer les étapes nécessaires à l'amélioration du pays, poussés par la Communauté Européenne. Nous ne sommes pas prêts, mais c'est aujourd'hui, à mon avis, nécessaire. »


Attila Gasparik, Vice President du Secretariat d'Etat au Conseil National Audiovisuel, 41 ans

« L'Europe est une chose très complexe pour moi car si l'on regarde un peu l'histoire deux ou trois cents ans en arrière, je crois que le pays où je vis a toujours fait partie de l'Europe. La Roumanie a eu un rôle très important car la chrétienté a été sauvée sur ce territoire.

En ce qui concerne l'Europe économique, nous représentons un facteur important pour l'Union car nous avons un marché assez important avec 23 millions de futurs consommateurs, ce qui signifie trois ou quatre pays de l'Europe centrale. Nous sommes donc, à mon avis, vraiment importants pour l'Union Européenne et l‘Union Européenne est essentielle pour nous parce que l'on a, aujourd'hui, aucun autre choix. C'est comme de ne pas avoir d'autre alternative que de vivre sur la terre.

On a adopté les acquis communautaires et la législation est prête, mais on doit à présent mettre tout cela en pratique et cela sera vraiment difficile et long dans un pays où l'intolérance nationale, économique, ethnique, religieuse ou envers les minorités comme les homosexuels était pratiquée institutionnellement. C'est difficile d'imposer la nouvelle législation aux générations qui ont été construites sur les bases de cette intolérance sociale.

Législativement, nous sommes prêts, mais pas spirituellement. Un exemple, nous n'avons pas d'identité Européenne parce que pendant les 16 dernières années, nous nous sommes “Américanisés”. La culture Européenne coûtait trop chère à intégrer, par rapport a la culture Américaine qui nous a envahit rapidement. Moi même, je pourrais dire beaucoup de choses sur les artistes Français des années 60-70, mais la culture contemporaine est celle d'Hollywood. »


Emma Kovacs, Dirigeante de restaurants, 56 ans

« Comme le proverbe Hongrois dit "Ensemble, nous sommes plus forts".
En rejoignant l'Union Européenne, la Roumanie sera plus forte dans tous les domaines. Nous faisons partie de l'Europe depuis longtemps, mais les avantages de rejoindre l'Union Européenne seront ressentis par nos enfants et petits-enfants.

Sur le plan économique, on sait très bien ce que le régime communiste de Ceausescu a fait de ce pays, mais depuis 1990, les portes se sont ouvertes et si nous sommes acceptés dans l'Union Européenne, cela représentera un grand pas en avant. Economiquement, cela sera très difficile, même si pour les grosses entreprises ce sera certainement plus facile, parce qu'elles travaillent sur de grands projets, mais les simples individus seront moins impactés. Si nous faisons le nécessaire, si on essaie de copier un peu ce que font les Européens, les résultats seront là.

Qui aurait pu dire il y a 20-25 ans que le peuple qui marchait avec la tête basse et suivait les ordres a évolué de façon si spectaculaire vers la privatisation. Aujourd'hui, les Roumains sont partout dans les pays étrangers et apprennent à mieux travailler parce qu'on a besoin d'apprendre et ça sera déjà un grand pas.

La vérité est que nous devons apprendre à travailler plus efficacement, c'est en quoi l'Union Européenne peut nous apporter son aide. Une fois ces connaissances mises en pratique, nous pourrons alors être fiers des résultats.

Les vieilles mentalités seront oubliées et nous aurons une vie meilleure. »


Szentannai Ferenc, Agriculteur, 79 ans

« Pour nous l'Europe représente tout et nous comprenons l'importance que cela a, mais on ne peut connaître le futur. La Roumanie va s'intégrer de toute façon, mais que va-t-il se passer après, on n'est sûr de rien !

Economiquement, je pourrais vous le dire dans toutes les langues que je connais, Roumaine ou Hongroise, que la Roumanie est située à la dernière place. Nous sommes terriblement en retard !

Je n'ai aucune idée de la qualité de la vie des autres paysans dans les pays de l'Union Européenne mais, je sais très bien que la nôtre est très difficile !

Il est vraiment important que l'agriculture s'améliore, mais qui va faire ça concrètement, je ne sais pas, cela changera progressivement et les méthodes que l'on utilise jusqu'à présent vont évoluer. On ne travaillera plus avec des chevaux et des charrettes, tout va se moderniser et je suis très heureux car l'agriculture sera plus performante. Tout va être simplifié, mais la question est qu'est ce que nous, les paysans allons retirer de cela ? Notre rémunération s'améliorera-t'elle ? C'est un problème très délicat pour nous et nous avons encore du chemin avant d'y arriver… »


Daniela Pogacean, Professeur de Biologie, 33 ans

« Pour moi, l'Europe est un repère, mais je devrais mieux connaître les autres pays de l'Union Européenne pour avoir une opinion plus objective sur le sujet.

Economiquement, je ne me sens pas du tout proche des Européens actuels. Maintenant cela dépend s'il s'agit des Européens de l'Ouest ou de l'Est. Culturellement, il y a des aspects où je sens que nous sommes supérieurs à l'Europe de l'Ouest car nous avons plus de richesses, même si nous ne les présentons pas très bien au reste de l'Europe. Nous ne savons pas comment utiliser notre image culturelle qui pourrait beaucoup nous aider.

Je crois que la Roumanie est prête à adhérer l'Union Européenne, car si elle ne l'est pas maintenant, je ne sais pas quand elle le sera ! Je crois que toutes les améliorations que nous avons effectuées nous donnent le droit a l'intégration.

Je crois que beaucoup de gens ont une mauvaise image des Roumains. L'image du peuple roumain n'est malheureusement représentée à l'extérieur du pays que par les tares et les défauts de notre société, qui existent, évidemment aussi, dans tous les autres pays. Une amélioration de cette image entraînera, à mon avis, une progression économique et sociale, plus de liberté ainsi qu'une réduction du sentiment de frustration vis a vis de notre égalité humaine par rapport aux autres Européens.

Améliorer l'image signifie, pour moi, que l'on a besoin de moins de réticences et critiques face à la difficile transition entre le communisme et la démocratie. Cela a pris du temps et j'attends plus de tolérance envers mon pays en regard des étapes importantes que nous avons franchies. »


Becze Nicolae, Professeur de Francais à la Retraite, 67 ans

« L'Europe n'est pas une idée d'il y a 30, 40 ou 50 ans, c'est une idée beaucoup plus ancienne, même très ancienne car pendant ces deux derniers millénaires, les Européens n'ont pas oublié avoir appartenu à un empire, l'empire Romain.
Aujourd'hui pour ces pays, et je parle maintenant de la Roumanie, avec la révolution de décembre 1989, un monde, le monde communiste, un marché du point de vue économique s'est écroulé. Une industrie immense, surdimensionnée comme celle de la Roumanie de 1989, s'est écroulée parce que le marché s'est disloqué. Les Russes et le marché des autres pays : Pologne, Tchécoslovaquie, ont disparu. Et c'est dans ces conditions que nous nous sommes réveillés, pour ainsi dire, dans une situation assez difficile.

L'histoire de la Roumanie pendant ces dernières quinze, seize années depuis décembre 1989 a eu des chocs, des gouvernements, des présidents, des premiers ministres qui ont essayé de faire ou n'ont pas essayé de faire assez. C'est ce qu'on appelle chez nous souvent d'une manière ironique : “La longue période de transition”. Nous sommes encore en transition et ça n'a pas l'air de finir !

L'adhésion à l'Union Européenne peut probablement entraîner une diminution de nos traditions, mais elle peut aussi nous apporter cette possibilité d'avoir un contact qui nous a manqué pendant longtemps avec une technologie plus avancée.

Dans la manière dont je vois l'entrée de la Roumanie dans l'Union Européenne, il y a de l'espoir, une attente, mais j'ai peur d'une attente trop grande, mais elle existe. »


Fulop Nandor Elemer, Chauffeur de Taxi, 27 ans

« Pour beaucoup de gens, l'Europe représente un rêve qui va peut-être se transformer en réalité, mais moi, je n'en rêve pas. Pour moi, l'Europe ne représente pas grand chose, sauf de la pauvreté. Je ne vois pas un futur très fastueux pour l'Europe.

Je ne suis pas économiste ou sociologue, mais économiquement, nous ne pouvons pas nous comparer aux autres pays européens, car nous sommes très loin d'eux. Notre mentalité est très différente, j'ai l'impression que nous avons plus de faiblesses, nous sommes plus négatifs et cela peut nous empêcher de nous intégrer.

Après l'adhésion il y aura des règles à suivre, qui pourront peut-être être bénéfiques, mais cette réglementation va aussi nous presser comme un citron. Je suis chauffeur de taxi, j'aime ce que je fais, j'ai une famille à nourrir, donc si les règles ne changent pas trop, je n'ai rien contre. Mais, par exemple, si une loi impose que les voitures utilisées pour la conduite de passagers en taxi doivent avoir mois de deux ans, je serais très ennuyé, car je ne peux pas me permettre d'avoir une telle voiture. Ma voiture a quatre ans, j'ai réussi à l'acheter il y a une année en empruntant de l'argent à mon frère qui travaille à Madrid depuis un certain temps et à qui je vais rembourser l'argent progressivement.

En résumé, je peux dire que je ne suis pas content d'intégrer l'Union Européenne, parce que cela ne m'apportera seulement que du tracas. »